Le pouvoir du langage : quand les mots dominent

22/07/2025 08:46

« Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs). » Marshall Rosenberg

Les mots façonnent notre perception du monde.
Ils unissent, divisent, influencent. Ils peuvent élever ou rabaisser, apaiser ou déclencher la violence. Pourtant, nous prêtons rarement attention au pouvoir que recèle le langage au quotidien.

Dans les sphères politique, professionnelle, éducative ou intime, le langage est l’un des premiers outils du pouvoir : il structure la pensée, impose des normes, et oriente les comportements. Il peut ouvrir un dialogue… ou refermer une domination.

Le langage : un pouvoir invisible mais structurant

Nous vivons dans un univers de mots. Ils nous précèdent, nous enveloppent, nous contraignent parfois. Le pouvoir du langage est d’autant plus fort qu’il agit en sourdine, sous la forme :

·         de cadres mentaux (ce que l’on pense “naturel”, “logique”, “normal”) ;

·         de tournures douces pour imposer des ordres ;

·         de silences lourds de sens ;

  • de mots choisis pour influencer.

Les mots ne sont jamais neutres. Ils portent une intention, une vision du monde, une hiérarchie implicite.

Nommer, c’est déjà orienter

Dans toute structure de pouvoir, celui qui nomme, définit, catégorise… exerce un pouvoir symbolique. Dire qu’une personne est « compétente » ou « instable », qu’une décision est « courageuse » ou « irresponsable », n’est pas une simple description : c’est une orientation de regard, une invitation à juger, à croire, à se positionner.

Ce pouvoir est redoutable :

·         dans les médias (choix des termes pour désigner un mouvement, une réforme, une personne),

·         dans l’entreprise (usage du jargon managérial pour masquer des rapports de force),

·         dans la politique (éléments de langage, formules creuses, rhétorique de l’émotion).

 Le langage devient alors outil de cadrage et d’adhésion.

Le pouvoir des tournures : masquer, imposer, séduire

Il ne suffit pas de parler : la manière de le faire compte autant, voire plus, que le contenu.

Un ordre peut se déguiser en question :
« Tu es sûr de vouloir faire ça maintenant ? »
Une domination peut se draper de bienveillance :
« Je fais ça pour ton bien… »
Une absence de dialogue peut se cacher derrière un silence stratégique :
Rien dire, c’est aussi faire passer un message.

Le langage peut adoucir la violence ou la rendre indétectable.

Et c’est là l’un de ses pouvoirs les plus insidieux : faire passer des logiques de contrôle sous couvert de politesse, de souci de l’autre ou d’objectivité.

 Le pouvoir des silences

Le silence peut libérer… ou enfermer.
Il peut être un espace d’écoute sincère ou une arme passive-agressive.

Ne pas répondre à une demande, ne pas nommer un problème, ne pas accorder la parole :
tout cela relève d’une forme de pouvoir.

Ce qui n’est pas dit peut dominer tout autant que ce qui est affirmé.

 Le langage en coaching : déconstruire pour mieux s’affirmer

Dans l’accompagnement individuel, les mots utilisés par les personnes accompagnées révèlent des croyances, des conditionnements, des positions de pouvoir intériorisées :

« Je dois », « Il faut que », « Je suis nul en… », « J’ai toujours été comme ça »

Le travail du coach est d’aider à déconstruire ces formules toutes faites, pour :

redonner de l’espace à la pensée personnelle,

faire émerger des formulations alternatives,

reprendre le pouvoir sur son propre récit.

C’est là une forme de libération : quand les mots ne sont plus des chaînes, mais des outils de conscience.

En conclusion : choisir ses mots, c’est choisir son monde

Les mots peuvent enfermer… ou ouvrir.
Ils peuvent dominer… ou relier.
Ils peuvent imposer… ou permettre de construire ensemble.

Prendre conscience du pouvoir du langage, c’est refuser de parler sans réfléchir.
C’est mettre en lumière ce qui nous structure à notre insu.
C’est aussi une invitation à parler avec plus de justesse, d’écoute et d’authenticité.