Le pouvoir dans le couple, l’école, l’entreprise. Où sont les lignes rouges ?

09/06/2025 12:16

Suite de l’article "La maladie du pouvoir : quand le besoin de dominer prend le dessus"

Le pouvoir fait partie de toute relation humaine. Que ce soit au sein d’un couple, dans une salle de classe ou au cœur d’une organisation, il structure les interactions, attribue des responsabilités et régule les dynamiques. Mais quand ce pouvoir cesse d’être un levier d’équilibre pour devenir un outil de contrôle ou de domination, où tracer la ligne rouge ?

Après avoir exploré les racines de la "maladie du pouvoir", cette obsession qui pousse certains à dominer pour combler un vide intérieur, il semble essentiel d’aborder une autre question : quand le pouvoir devient-il abus ? Comment préserver des espaces relationnels sains dans notre quotidien ?

Comprendre les dynamiques de pouvoir dans la vie courante

Nous sommes tous, à différents moments de nos vies, dans des positions de pouvoir, explicites ou implicites. Le parent qui éduque, l’enseignant qui évalue, le manager qui oriente, le conjoint qui influence : chacun détient une forme d’autorité ou d’influence.

Cela ne pose pas de problème… tant que ce pouvoir est exercé avec conscience, respect et dans un cadre clair. Mais lorsqu’il se transforme en pression, en manipulation subtile ou en contrôle systématique, il dépasse les bornes du juste rapport à l’autre.

Les lignes rouges dans différents contextes

Dans le couple : du lien au contrôle

Le couple devrait être un espace de réciprocité, de soutien et de dialogue. Pourtant, certaines relations glissent dans des schémas de domination affective :

·         Un partenaire décide pour l’autre sans concertation.

·         Les émotions de l’un sont systématiquement minimisées.

·         L’autonomie est freinée, sous couvert de protection ou d’amour.

  • Le chantage affectif devient un outil de contrôle.

La ligne rouge est franchie quand la relation empêche l’un des deux d’être lui-même, de penser ou de choisir librement.

À l’école : de l’autorité à l’autoritarisme

L’enseignant joue un rôle structurant. Il fixe un cadre, évalue, oriente. Mais dans certains cas, l’autorité devient verticale et arbitraire :

·         Aucune place pour la parole des élèves.

·         Punition systématique sans écoute du contexte.

·         Climat de peur plutôt que de respect.

La ligne rouge est franchie quand l’élève n’est plus vu comme un sujet en développement, mais comme un objet à modeler.

En entreprise : du leadership à l’abus de pouvoir

Dans les organisations, le pouvoir est souvent lié à la hiérarchie. Il peut servir à inspirer, coordonner, décider. Mais il peut aussi déraper vers :

·         Du micro-management épuisant.

·         Des décisions imposées sans concertation.

·         De l’humiliation déguisée en exigence.

  • L’absence de reconnaissance ou d’écoute.

La ligne rouge est franchie quand le pouvoir devient un outil de contrôle, et non un levier de coopération.

Pourquoi franchit-on ces lignes ?

Souvent, ces dérives ne sont pas spectaculaires, mais progressives. Elles s’installent dans les non-dits, la peur du conflit, l’évitement ou la banalisation.

À l’origine, on retrouve :

·         Une peur de perdre le contrôle.

·         Une difficulté à faire confiance.

·         Des blessures personnelles non reconnues.

  • Des environnements qui valorisent l’autorité plus que la relation.

Que faire pour préserver un exercice sain du pouvoir ?

Le pouvoir peut apporter de l’équilibre s’il est exercé avec lucidité et discernement.

Quelques pistes :

·         S’observer avec honnêteté : suis-je en train d’imposer ou de proposer ?

·         Inviter au dialogue : est-ce que je laisse une place à l’autre ?

·         Accepter la contradiction : puis-je être remis en question sans perdre ma légitimité ?

  • Demander un accompagnement : coaching, supervision ou soutien externe peuvent aider à décoder ses automatismes.

Conclusion : le pouvoir se partage ou se déforme

Le pouvoir, en lui-même, n’est pas problématique. Cependant, lorsqu’il est mal exercé, il abîme les relations, bloque les opportunités et accentue les inégalités.

Redéfinir les lignes rouges, c’est apprendre à habiter son rôle sans l’imposer, à conjuguer autorité et respect, à mettre la relation au centre.

Et vous, dans vos relations professionnelles, éducatives ou personnelles, avez-vous déjà observé des glissements de pouvoir ? Où situez-vous vos propres lignes rouges ?