La guerre comme miroir du pouvoir : quand l’ego des dirigeants devient une arme

08/10/2025 09:43

Introduction : un monde en feu

Ukraine, Gaza, Caucase, Afrique de l’Est… le monde s’embrase, encore et toujours. Chaque conflit semble différent dans ses causes immédiates, mais tous ont un point commun : la souffrance des civils, la destruction, et le silence tragique de ceux qui ne décident pas.
Pourquoi des dirigeants, souvent conscients du prix humain, choisissent-ils d’allumer la mèche ? Est-ce la défense d’un territoire, d’une idéologie — ou la manifestation d’un mal plus profond : la maladie du pouvoir ?

1. Le pouvoir comme dépendance

Derrière les grandes déclarations de défense nationale ou de sécurité, se cache souvent une autre réalité : celle de l’addiction au pouvoir.
Certains dirigeants ne gouvernent plus, ils règnent. Ils ne protègent plus, ils possèdent. Le pouvoir, devenu leur oxygène, leur sert de miroir identitaire : sans lui, ils s’effacent.
La guerre devient alors un moyen de se sentir exister, de reprendre le contrôle sur une réalité qui leur échappe. Comme un joueur qui double sa mise pour ne pas perdre la partie, ils engagent la vie des autres pour sauver leur image.

2. L’ego, moteur invisible des décisions

L’histoire l’a souvent montré : derrière les grandes guerres se cachent des égos démesurés.
Les discours officiels parlent de sécurité ou d’honneur national, mais au fond, c’est la volonté d’un homme (rarement d’une femme) de marquer l’Histoire qui guide l’action.
L’ego politique cherche à laisser une empreinte, quitte à sacrifier des générations. Napoléon, Hitler, Staline, ou plus récemment d’autres dirigeants autoritaires, ont confondu grandeur personnelle et destin collectif.
Leur logique n’est pas celle du bien commun, mais celle de l’immortalité symbolique : « Si je détruis, c’est pour reconstruire un monde à mon image ».

3. Le pouvoir, lorsqu’il devient pathologique

Certains psychiatres et philosophes évoquent le syndrome d’hybris, ce trouble où l’individu se croit investi d’une mission supérieure, incapable d’erreur, insensible à la souffrance des autres.
L’hybris n’est pas seulement une folie individuelle : c’est un mécanisme collectif, nourri par la peur, la flatterie et la propagande.
Plus un dirigeant s’entoure d’hommes qui l’admirent, moins il entend la vérité. La guerre devient alors une scène où il peut se convaincre de sa grandeur. Et tant que la population croit encore à son récit, le cycle continue.

4. Quand l’Histoire devient prétexte

Beaucoup justifient leurs actions par le passé : « Nous restaurons la gloire d’un empire », « Nous réparons une injustice historique ».
Ces récits identitaires servent de légitimation morale à des ambitions personnelles. Derrière les mots d’« héritage » ou de « mission historique », se dissimule souvent une angoisse plus intime : la peur d’être effacé de la mémoire collective.

Mais chaque guerre prétendument réparatrice crée en réalité de nouvelles blessures, de nouveaux cycles de vengeance. L’Histoire ne se répare pas par le sang.

5. Le prix du silence et du consentement

Si la maladie du pouvoir prospère, c’est aussi parce que les sociétés la tolèrent.
Par peur, par habitude ou par croyance, elles délèguent à quelques-uns le droit de décider du sort de tous. Le danger ne vient pas seulement du dirigeant, mais du système qui nourrit sa toute-puissance : conseillers dévoués, médias alignés, peuples épuisés ou résignés.
Résister, aujourd’hui, ce n’est pas seulement refuser la guerre. C’est refuser de confondre autorité et vérité, patriotisme et obéissance aveugle.

Conclusion : vers une conscience collective

La guerre n’est jamais un accident. Elle est la conséquence d’une dérive plus ancienne : celle d’un pouvoir qui se croit au-dessus du vivant.
Il n’y a pas de paix durable sans une éthique du pouvoir. Tant que l’ego guidera les décisions des nations, les victimes resteront les mêmes : les innocents, les sans-voix, les oubliés.
Le véritable courage politique, aujourd’hui, n’est pas de dominer, mais de préserver.
Et peut-être qu’un jour, l’Histoire retiendra non pas ceux qui ont conquis, mais ceux qui ont refusé de détruire.