La génération Z face au savoir : comment apprendre autrement à l’ère du numérique

31/10/2025 10:06

Dans un monde où tout s’apprend en ligne, la question n’est plus “comment transmettre”, mais “comment donner du sens à ce qu’on apprend”.
La génération Z nous oblige à repenser la relation au savoir, à l’autonomie et à la curiosité.

Née entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, la génération Z est la première à avoir grandi dans un monde totalement connecté.
Elle apprend, communique, et pense dans un univers où l’information circule sans limites.
Cette transformation radicale bouleverse notre rapport au savoir, à la mémoire et à l’éducation.
Mais cette révolution numérique, si elle ouvre des perspectives inédites, pose aussi une question essentielle : comment apprendre dans un monde où tout semble déjà accessible ?

1. Une génération née dans le flux

Pour les jeunes d’aujourd’hui, la connaissance n’est plus rare : elle est abondante, immédiate, illimitée.
Les moteurs de recherche, les vidéos explicatives, les tutoriels et les réseaux sociaux éducatifs leur donnent accès à une somme d’informations inimaginable il y a trente ans. Mais cette profusion entraîne une difficulté majeure : distinguer savoir et information.
Savoir, c’est relier, comprendre, organiser ; l’information, elle, reste fragmentaire et éphémère.

La génération Z apprend donc dans un flux permanent, où la rapidité prime sur la profondeur.
Le défi n’est plus d’accéder au savoir, mais de le hiérarchiser, le vérifier et le comprendre.

2. Un rapport différent à l’autorité et à la connaissance

Autrefois, le savoir se transmettait verticalement : le maître enseignait, l’élève recevait.
Aujourd’hui, la relation s’est horizontalisée.
Les jeunes ne reconnaissent plus l’autorité du savoir en soi, mais celle de la pertinence et de l’expérience.
Ils questionnent, comparent, vérifient, souvent en temps réel.

Cette autonomie cognitive a un double effet :

·         Elle favorise la curiosité et l’esprit critique, en incitant à chercher par soi-même.

  • Mais elle peut aussi conduire à un relativisme, où toutes les opinions se valent, y compris les plus douteuses.

Ainsi, le rôle de l’éducateur, du formateur ou du coach n’est plus seulement de transmettre, mais d’apprendre à penser dans le désordre informationnel.

3. Apprendre autrement : l’expérience avant la théorie

La génération Z se méfie des discours abstraits.
Elle privilégie l’expérimentation, la pratique et l’interaction.
Apprendre, pour elle, c’est tester, manipuler, échanger.
Les formats traditionnels de cours magistraux trouvent vite leurs limites face à une attention fragmentée et une appétence pour le visuel.

L’apprentissage devient plus expérientiel, fondé sur la participation active, les projets collaboratifs et les outils numériques interactifs.
Cette approche transforme l’acte d’apprendre : on n’assimile plus un savoir, on vit une expérience d’apprentissage.

4. Les risques : dispersion, superficialité, dépendance au numérique

Mais cet apprentissage connecté n’est pas sans dérives.
La vitesse et la multiplicité des stimuli entraînent une attention fragmentée : l’esprit passe d’un contenu à l’autre sans toujours approfondir.
Le besoin de gratification immédiate (likes, notifications, validation sociale) peut nuire à la patience intellectuelle.

Le risque est alors de confondre information consommée et savoir intégré.
L’élève ou l’apprenant reste dans une logique de réaction plutôt que de réflexion.
Apprendre à l’ère du numérique, c’est donc aussi apprendre à ralentir, à trier, à construire sa propre cohérence.

5. Vers une pédagogie de la co-construction

L’enseignement de demain ne peut plus se limiter à transmettre des contenus : il doit apprendre à apprendre.
Cela suppose de redéfinir la place du formateur, qui devient guide, accompagnateur et facilitateur de sens.
Les pédagogies actives, la classe inversée (cours préparé à la maison, approfondi en classe), le tutorat ou le coaching trouvent ici toute leur pertinence.

Apprendre autrement, c’est permettre à chacun de donner du sens à ce qu’il apprend, d’en percevoir l’utilité et de le relier à sa propre expérience.
Le savoir ne se reçoit plus : il se construit collectivement.

6. Le numérique comme levier de sens et non de dépendance

La génération Z n’a pas besoin de moins de numérique, mais de numérique intelligent : des outils qui encouragent la collaboration, l’analyse, la créativité plutôt que la simple consommation.
L’enjeu n’est pas de rejeter la technologie, mais de l’humaniser.

L’avenir de l’éducation repose sur cette alliance : utiliser la puissance du numérique pour renforcer la pensée critique et la construction du sens.
C’est ainsi que le savoir retrouve sa fonction première : éclairer, relier et émanciper.

Conclusion

La génération Z ne rejette pas le savoir, elle en redéfinit les formes.
Elle apprend autrement, plus vite, plus librement, mais elle a besoin de repères, d’accompagnement et de sens.
L’enjeu n’est pas de revenir à l’école d’hier, mais d’inventer celle de demain : une école du discernement, de la coopération et de la pensée vivante.

Apprendre autrement, c’est finalement apprendre à être au monde avec lucidité, curiosité et responsabilité.