Coaching et réseaux sociaux : entre visibilité et illusion de soi

03/07/2025 09:10

Réflexion sur l’impact des réseaux dans la construction de l’image de soi, la recherche de validation et l’effet sur les coachs/entrepreneurs.

Quatrième volet de la série « Le pouvoir numérique : décryptage »

Introduction

Comment rester fidèle à soi-même dans un univers où la performance, la notoriété et l’instantanéité règnent ?

Pour les professionnels du coaching, les réseaux sociaux sont à la fois un outil de développement, une vitrine, un levier d’impact… et parfois un miroir déformant.

Dans cet article, je propose une exploration de cette tension entre visibilité et illusion, en analysant les effets des réseaux sociaux sur la posture, la communication et l’identité des coachs et accompagnants.

I. Une promesse de visibilité… qui redéfinit les codes

1. De la posture au marketing : le coach doit-il devenir une marque ?

Aujourd’hui, être visible devient presque une injonction. On conseille aux coachs :

  • d’alimenter leur communauté,
  • de créer du contenu inspirant,
  • de montrer leur authenticité,
  • de se différencier grâce à leur “voix”.

Mais cette “visibilité stratégique” transforme peu à peu l’exercice du métier. Ce n’est plus seulement ce que l’on est qui compte, mais ce que l’on projette.

2. Quand le marketing personnel l’emporte sur la relation

Sur certains profils, on assiste à une sur-représentation de soi :

  • mise en scène de la réussite,
  • discours soigneusement arrangé,
  • contenus inspirants adaptés aux codes des réseaux,
  • abondance de photos en posture inspirante…

Cela peut éloigner du cœur du métier : la présence à l’autre, la qualité d’écoute, l’humilité face aux processus humains.

II. Une quête de validation qui fragilise la posture professionnelle

1. L’effet miroir des likes : entre gratification et dépendance

Chaque publication devient un test d’acceptabilité sociale :

  • Ce que je poste plaît-il ?
  • Ai-je suffisamment d’engagement ?
  • Mon contenu me donne-t-il de la valeur en ligne ?

Or, ce mode de validation extérieure peut fragiliser l’ancrage intérieur du coach, en le rendant dépendant du regard numérique.

2. Une tension invisible : être utile ou être vu ?

“Dois-je publier ce qui aide vraiment ? Ou ce qui capte l’attention ?”

Cette question hante de nombreux professionnels. Elle traduit une tension entre :

  • le fond (valeur réelle du contenu),
  • et la forme (sa capacité à circuler et séduire).

III. Des effets concrets sur l’image de soi et la relation aux clients

1. Comparaison, syndrome de l’imposteur, surexposition

Face à des profils lissés et performants, certains coachs doutent d’eux-mêmes :

  • “Je ne suis pas assez inspirant”,
  • “Je ne maîtrise pas le format vidéo”,
  • “Je ne parle pas assez de moi”.

Cette pression engendre parfois de la suradaptation, voire une perte de repères professionnels.

2. Une posture faussée dès le premier contact

Lorsque le lien avec un client potentiel naît sur les réseaux :

  • l’image du coach précède la rencontre,
  • une attente implicite s’installe (bienveillance, puissance, solutions…),
  • l’espace de projection est amplifié par l’imaginaire numérique.

Cela demande un réajustement subtil dès les premiers échanges.

Conclusion : retrouver un usage conscient et aligné des réseaux

Les réseaux sociaux ne sont pas à rejeter. Ils ont permis :

  • d’élargir l’accès au coaching,
  • de démocratiser certaines pratiques,
  • d’inspirer et de rassembler.

Mais leur usage nécessite lucidité et alignement.

Revenir à l’essentiel, c’est se poser régulièrement ces questions :

  • Ce que je montre est-il cohérent avec ce que je suis ?
  • Est-ce que je m’exprime… ou est-ce que je me vends ?
  • Ma parole nourrit-elle… ou cherche-t-elle juste à plaire ?

Le coach conscient sait qu’il n’est pas un produit. Il est un témoin du vivant. Et cela ne se mesure pas en vues ni en likes.

 Cet article s’inscrit dans la série « Le pouvoir numérique : décryptage ».

 Prochain article  : « Réseaux sociaux et dénonciation publique : vers une nouvelle justice parallèle »